Publié dans Politique

Affaire Ketakandriana Rafitoson/GEL - Immixtion étrangère au parfum de litchi 

Publié le dimanche, 27 novembre 2022

Dans un communiqué conjoint émis jeudi dernier, certaines chancelleries étrangères ont déclaré s’opposer à « toute action (…) susceptible de miner la lutte pour la transparence, la redevabilité et la liberté d’expression ». Bien qu’à aucun moment, il n’y est fait mention explicitement ou non, point n’est besoin d’être devin pour savoir que ledit communiqué pointe du doigt la convocation, intervenue le même jour, de Ketakandriana Rafitoson, directrice exécutive de Transparency International-Initiative Madagascar (TI-IM) auprès de la police économique d’Anosy pour être entendue dans le cadre d’une plainte pour diffamation déposée à son encontre. 

Réaction pour le moins épidermique car, outre qu’on est sans conteste en face d’une immixtion dans une affaire qui relève de la Justice du pays hôte, on se demande si ces diplomates se sont penchés un tant soit peu sur les tenants de la question ou se sont-ils simplement fiés au titre charmeur de l’Organisation dirigée par la mise en cause. Pire, il apparaît que, à travers leur mise en garde à peine voilée, ces représentations diplomatiques sont en train de préjuger sur la probité des autorités judiciaires malagasy dans le traitement du dossier en question.

Pourquoi crier d’emblée au loup ?

Rappelons que, en l’espèce, il s’agit d’un litige entre deux entités malagasy non étatiques, à savoir le TI-IM précité d’une part, et un groupement d’opérateurs économiques privés, le GEL (Groupement des exportateurs de litchis) d’autre part. Ce, suite à un échange de tirs médiatiques auquel se sont livrées les deux parties les jours précédents et dans lequel, signalons-le, c’est TI-IM qui a dégainé le premier. Or, si l’on estime que TI-IM est parfaitement en droit de faire des signalements auprès des instances judiciaires compétentes pour des suspicions de corruption à l’encontre du GEL, on doit également admettre que c’est le droit le plus strict de ce dernier d’ester en justice s’il se sent diffamé par cette initiative du premier. Dans l’un et l’autre cas, il appartiendra aux juridictions saisies de trancher sur le bien-fondé ou non de ce qui leur est soumis. 

Le simple fait pour les autorités judiciaires de donner suite à une plainte déposée en bonne et due forme constitue-t-il une « action susceptible de miner la lutte pour la transparence, la redevabilité et la liberté d’expression », au point d’amener les représentations diplomatiques en question à se fendre dans un communiqué aux allures d’intimidation ? Dans tous les cas, on se demande pourquoi crier d’emblée au loup, alors que, en étant tout juste à une phase balbutiante de la procédure, les deux parties en présence ont encore toute latitude de faire valoir leurs arguments auprès des différentes instances judiciaires concernées. D’autant plus que, si comme elle l’affirme, Ketakandriana Rafitoson détient vraiment les preuves irréfutables de ses allégations, elle n’a absolument rien à craindre d’une plainte en diffamation à son encontre.

Pseudo-lanceurs d’alerte ou lanceurs d’infox

En réalité, cette sortie médiatique de ces chancelleries étrangères fait partie de manœuvres  -  dont certaines sont orchestrées par  Ketakandriana Rafitoson elle-même (voir encadré) -  destinées à faire pression sur la Justice malagasy, ou plutôt sur les magistrats en charge du dossier et ce, en vue d’influer sur la décision de ces derniers. Si ce n’est pas de la subordination, Dieu que ça y ressemble ! Une pratique perverse, tendant à dévier le cours normal de la Justice, que les Organisations de la Société civile, comme TI-IM, elles-mêmes sont pourtant censées combattre quel qu’en soit l’auteur.

Cette affaire TI-IM/GEL tombe à point nommé et constitue un excellent laboratoire pour une loi en gestation  -  dont, justement, Ketakandriana Rafitoson figure parmi les premiers initiateurs et fervents défenseurs  -  visant à accorder une protection légale aux lanceurs d’alerte et autres militants des Droits de l’homme. En effet, ladite loi doit impérativement prévoir le cas de ces activistes qui, dans un but inavoué (règlement de compte, intérêt personnel,…), se livrent sans la moindre retenue à des dénonciations et accusations à tout va, lesquelles se révèlent par la suite être dénuées de tout fondement. En l’absence de balises dans la future loi en question, ce serait accorder une protection, voire une immunité  à ces pseudo-lanceurs d’alerte ou lanceurs d’infox qui pullulent actuellement sur les réseaux sociaux et qui, lorsqu’ils sont traduits en Justice par leur victime, se réfugient derrière la liberté d’expression. Suivez mon regard…

 

La Rédaction

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Editorial

  • Vouée à l’échec ?
    Le pays est en plein chantier d’élaboration d’une nouvelle Stratégie nationale pour la lutte contre la corruption (et l’impunité), la SNLCC. Celle qui est en vigueur arrivera à son terme à la fin de l’année en cours après dix ans de mise en œuvre dans la bataille contre cette « ennemie » apparemment imbattable. Mise en selle en 2014, la SNLCC actuelle finira sa course incessamment. Mi-figue, mi-raisin, le bilan de la décennie de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption balance entre un échec et une réussite. Le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI) se trouve dans l’embarras pour traduire la situation exacte. Sahondra Rabenarivo, la présidente du CSI, déplore plus d’une fois l’existence de certains facteurs de blocage dans le processus normal de la lutte contre la corruption. Il existe un dysfonctionnement perçu comme un frein au bon déroulement du système de lutte contre la corruption.

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